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vous trouve étrange, s’ils voulaient m’outrager, qu’ils m’aient donné une pareille jeune fille, d’aussi haute condition, aussi aimée de sa nation. » ― « Seigneur, » dit un autre, « tu en vois la preuve ; il ne reste qu’une chose à faire, te rendre sur tes vaisseaux. »

À la suite de cet entretien, il se mit en devoir de partir sur ses navires. Bendigeit Vran, apprenant que Matholwch quittait la cour sans prendre congé, lui envoya demander pourquoi. Les messagers étaient Iddic, fils d’Anarawc [1], et Eveydd Hir. Ils arrivèrent jusqu’à lui, et lui demandèrent ce que signifiaient ses préparatifs, et pour quel motif il partait. « Assurément, » répondit-il, « si j’avais su, je ne serais pas venu ici. J’ai essuyé l’outrage le plus complet. Personne n’a eu à subir pire attaque que moi en ces lieux. Une chose, cependant, me surprend par dessus tout. » ― « Laquelle ? » dirent-ils. ― « Qu’on m’ait donné Branwen, une des trois premières dames de cette île, la fille du roi de l’île des Forts, que j’aie couché avec elle, et qu’ensuite

  1. Il faut peut-être lire Anarawt, nom bien connu. Les Iolo mss., p. 258, mentionnent un roi de Gwynedd, ou Nord-Galles de ce nom. D’après une triade, c’est un des trois taleithiawc, « roi porte-diadème, » avec Cadell, roi de Dinevwr ou du Sud, et Mervin, roi de Mathraval ou Powys (Myv. arch, p. 405, col. 2). Les Annales Cambriae mentionnent la dévastation de Cereticiawn et de Ystrattui. (Ystrad Tywi) par Anarawt et les Saxons. Anarawt meurt en 915 ; d’après le Brut y Tywysogion, c’est un fils de Rodri ; il est qualifié de Rex Britonum (Monum. Hist. brit., p. 846, 847).