Page:Loth - Mabinogion, tome 1.djvu/110

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

firent entendre. Il ouvrit la porte s’élança dans la direction du bruit. Il n’en voyait pas l’auteur à cause de l’obscurité, mais il se précipita de son côté et se mit à sa poursuite. S’étant souvenu qu’il avait laissé la porte ouverte, il revint. À la porte même, il trouva un petit garçon emmailloté et enveloppé dans un manteau de paile. Il le prit : l’enfant était fort pour l’âge qu’il paraissait. Il ferma la porte et se rendit à la chambre où était sa femme. « Dame, » dit-il, « dors-tu ? » ― « Non, seigneur ; je dormais, mais je me suis réveillée quand tu es entré. » « Voici pour toi un fils, » dit-il, « si tu veux en avoir un qui n’a jamais été à toi. » ― « Seigneur, qu’est-ce que cette aventure ? » ― « Voici. » Et il lui raconta toute, l’histoire. « Eh bien, seigneur, » dit-elle, « quelle sorte d’habit a-t-il ? » ― « Un manteau de paile, » répondit-il. « C’est un fils de gentilhomme. Nous trouverions en lui distraction et consolation, si tu voulais. Je ferais venir des femmes et je leur dirais que je suis enceinte. » ― « Je suis de ton avis à ce sujet, » répondit Teyrnon. Ainsi firent-ils. Ils firent administrer à l’enfant le baptême alors en usage et on lui donna le nom de Gwri Wallt Euryn[1], (aux cheveux d’or) parce que tout ce qu’il avait de cheveux sur la tête était aussi jaune que de l’or.

On le nourrit à la cour jusqu’à ce qu’il eût un an. Au bout de l’année, il marchait d’un pas solide ;

  1. Gwallt, « cheveux ; » euryn, « d’or. » Voy. la note à Pryderi.