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c’est elle qui a tué son fils. Notre serment à nous six l’emportera sur son affirmation à elle seule[1].

« Elles s’arrêtèrent à ce projet.

Vers le jour, Riannon s’éveilla et dit : « Femmes où est mon fils ? » ― « Princesse, ne nous demande pas ton fils ; nous ne sommes que plaies et contusions, après notre lutte contre toi ; jamais en vérité, nous n’avons vu autant de force chez une femme ; il ne nous a servi de rien de lutter contre toi : tu as toi-même mis en pièces ton fils. Ne nous le réclame donc pas. » ― « Malheureuses, » répondit-elle, « par le Seigneur Dieu qui voit tout, ne faites pas peser sur moi une fausse accusation. Dieu qui sait tout, sait que c’est faux. Si vous avez peur, j’en atteste Dieu, je vous protégerai. » ― « Assurément, » s’écrièrent-elles, « nous ne nous exposerons pas nous-mêmes à mal pour personne au monde. » ― « Malheureuses, mais vous n’aurez aucun mal en disant la vérité. » En dépit de tout ce qu’elle put leur dire de beau et d’attendrissant, elle n’obtint d’elles que la même réponse. À ce moment, Pwyll se leva, ainsi que sa troupe et toute sa maison. On ne put lui cacher le malheur. La nouvelle s’en répandit par le pays. Tous les nobles l’apprirent ; ils se réunirent et envoyèrent des messagers à Pwyll pour lui demander de se séparer de sa femme après un forfait aussi horrible. Pwyll leur fit cette réponse : « Vous ne m’avez demandé de me séparer de ma

  1. V. notes critiques.