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« que Dieu aplanisse la voie devant toi. Fixe le terme et le moment où Riannon ira te rejoindre. » ― « Par moi et Dieu, » répondit-il, « nous partirons tous les deux ensemble d’ici. » ― « C’est bien ton désir, seigneur ? » ― « Oui, par moi et Dieu. » Ils se mirent en marche le lendemain pour Dyvet et se rendirent à la cour d’Arberth, où un festin avait été préparé pour eux. De tout le pays, de toutes les terres, accoururent autour d’eux les hommes et les femmes les plus nobles. Riannon ne laissa personne sans lui faire un présent remarquable, soit collier, soit anneau, soit pierre précieuse.

Ils gouvernèrent le pays d’une façon prospère cette année, puis une seconde. Mais la troisième, les hommes du pays commencèrent à concevoir de sombres pensées, en voyant sans héritier un homme qu’ils aimaient autant qu’ils faisaient leur seigneur et leur frère de lait : ils le prièrent de se rendre auprès d’eux. La réunion eut lieu à Presseleu[1], en Dyvet. « Seigneur, » lui dirent-ils, « nous ne savons si tu vivras aussi vieux que certains hommes de ce pays, et nous craignons que tu n’aies pas d’héritier de la femme avec laquelle tu vis. Prends-en

  1. Presseleu, aujourd’hui Presselly, désigne la plus haute chaîne de collines du comté de Pembroke. Il en est encore question dans Kulhwch et Olwen, Il s’agit ici d’un endroit précis dans le voisinage. C’est peut-être aujourd’hui Preselwy, nom d’une maison dans le voisinage de Neath. Il y a échange parfois entre les terminaison eu et wy (Ma[w]deu, pour Mawdwy. Oxford Bruts,. p. 408 : cf. Eg. Phil. dans Owen’s Pembrok., t. I, p. 448, note 2 : cf. trothwy et trotheu. ; aswy, aseu, etc.