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un grand portrait de femme, qu’on eût dit de Vinci, vous offrait l’énigme de son sourire au fond d’un vieux cadre d’argent bossué de fruits d’agate et de raisins d’onyx. Et, partout, des voiles de gaze jetés compliquant les êtres et les objets de trouble et de mystère, puis dans des vases de forme hiératique une éternelle veillée de fleurs hostiles et symboliques, des liliums, des anthuriums et des orchidées, toute une flore méchante, posée, comme une offrande, au pied de chaque idole… tout un intérieur empreint d’un mysticisme sombre à la fois catholique et païen, installation de fou ou de vieux Coppelius entrevue à de rares intervalles par l’entrebâillement des vitraux émaillés de devises archaïques sur fond d’azur glauque sablé d’or.

" Et dans le logis, personne… personne autre que l’homme aux allures étranges, promenant ses épaules voûtées et sa ricanante figure de vieille derrière la haie vive du préau. Cependant, parfois deux êtres de rêve ou de cauchemar, tout au moins aussi inquiétants que leur maître, un enfant et une guenon.

" Une grimaçante et minaudière guenon, presque féminine de coquetterie et d’attitudes, presque humaine de laideur et toujours blottie dans le clair-obscur des pièces somptueuses dans quelque pose énamourée.

" Au cou, un collier de métal bossué de turquoises, des bracelets autour de ses petites mains noires,