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LE POSSÉDÉ




Au docteur Albert Robin.


— Oui, me déclarait Serge, il faut, que je m’en aille, je ne peux plus demeurer ici ; et ce n’est pas parce que j’y grelotte, tout l’organisme à jamais refroidi par les pintes de sang que les chirurgiens me soutirent depuis des mois. Le coffre est encore bon, Dieu merci ! et avec des précautions, je suis relativement sûr de mes bronches ; mais je ne peux plus hiverner ici, parce que, dès les premières bourrasques de novembre, j’y deviens halluciné, quasi-fou, en proie à une obsession vraiment affreuse : en un mot, parce que j’y ai peur. Et, devant la fixité de mon regard :

— Oh ! ne va pas croire à des troubles d’éther ! Je suis guéri, radicalement guéri ; je suis intoxiqué d’ailleurs et le poison qui, il y a deux ans à peine, répandait dans tout mon être une alacrité d’air plus