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tir les mécréants, intimider les débauchés et faire fleurir l’espérance et la foi dans les cœurs !

Oh ! le précieux don d’enfance, dont ont vécu tous les siècles d’ardeur et de combat, le précieux don d’enfance, qui fait qu’un écolier de douze ans n’a qu’à joindre les mains dans l’angle d’une église pour entendre la voix des cloches et celle des saints de pierre immobilisés dans leurs niches, autour des campaniles, bénir en chœur le nom des vierges de légende et du Christ, fils de l’Homme !

Le don d’imagination et d’ignorance qui, les tièdes soirées de mai, en revenant du Mois de Marie par les ruelles étroites de ma petite ville tout embaumées d’odeur de lilas et de giroflées de murailles, me faisait dire, dans ma joie innocente de respirer et de vivre, dans le contentement de ma petite âme et de ma jeune chair : « Je crois que les cloches m’aiment bien ce soir. »