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dans le vide du capuchon, les deux trous d’yeux de leur cagoule d’argent.

On eût dit des faces crayeuses de lépreux, et leurs mains gantées de noir érigeaient une longue tige de lys noir à feuillage vert pâle et leurs capuchons, comme celui de Dante, étaient couronnés de lys noirs.

Et toutes ces cagoules se taisaient dans une immobilité de spectres et, au-dessus de leurs couronnes funèbres, l’ogive des fenêtres, se découpant en clair sur le ciel blanc de lune, les coiffait comme une mitre d’évêque.

Je sentais ma raison sombrer dans l’épouvante ; le surnaturel m’enveloppait ! Cette rigidité, ce silence de tous ces êtres masqués. Quels étaient-ils ? Une minute d’incertitude de plus, c’était la folie ! Je n’y tenais plus et, d’une main crispée d’angoisse, m’étant avancé vers un des masques, je soulevai brusquement sa cagoule.

Horreur ! Il n’y avait rien, rien. Mes yeux hagards ne rencontraient que le creux du capuchon ; la robe, le camail étaient vides. Cet être qui vivait n’était qu’ombre et néant.

Fou de terreur, j’arrachai la cagoule du masque assis dans la stalle voisine, le capuchon de velours vert était vide, vide le capuchon des autres masques assis le long des murs. Tous avaient des faces d’ombre, tous étaient du néant.

Et le gaz flambait plus fort, presque sifflant dans