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MISS MISER


Paris l’hiver, le soir… au fond du brouillard sale,
Où le gaz allumé fait autant de points roux,
Maigre et la gorge offerte avec des grands yeux fous
Resplendit la Misère, hétaïre spectrale.

Ses bras nus sont bleuis de baisers et de coups.
Et tandis qu’elle étrangle un affreux chant qui râle,
Sous sa jupe de gaze enroulée en spirale
Elle montre aux passants sa cuisse et ses genoux.

Le fard s’écaille et coule aux deux coins de ses lèvres
Et, sous le froid qui mord, grelottante de fièvres,
Elle essuie en pleurant son épaule en sueur.

Ses pieds gonflés et gourds retombent sans cadence,
Et sous le Jablockhof à la blême lueur
Le clubman applaudit la Volupté, qui danse.