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II

CABOTIN


La gloire ? On le saura. La réclame ? Peut-être.

Ses cris, ses rauquements, ses grands yeux de métal
Bilieux, ses cheveux noirs mangeant un front brutal
Et bas, l’ont fait un soir son poète et son maître.

Il a les éditeurs, les journaux, le bien-être.
Une Juive au bras grêle embaumant le santal,
Songe, esclave, à ses pieds de prince oriental
Et dit pour lui le chant d’Attila son ancêtre.

Pourtant Jokan est triste et maudit son destin
Dans Paris, sa conquête, où, beau comme Panthée,
Il est le Dieu du soir et l’homme du matin ;

Car au fond de son âme il se sent cabotin,
Toujours, comme jadis, quand au quartier latin
Sur sa porte au sixième il écrivait
Sur sa porte au sixième il écrivait« Athée. »