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l’ombre bleue G7 HERODIADE

Pour Théodore de Banville.

Au fauve appel des cors, au bruit rageur des cistres La grande Hérodiade et ses nymphes sinistres Sur des balais fourbus chevauchent en plein ciel.

Des démons accrochés aux crins de leurs cavales, Elles vont, ventre à terre, au-dessus d’Israël, Et la haine implacable, éclair froid et cruel, Luit dans leurs grands yeux morts emplis de larmes pâles.

Entre leurs poings crispés serrant leurs fronts muets, Sous les grands ciels de cuivre et les lunes brumeuses, Au-dessus des détroits et des villes fameuses. Elles vont emplissant l’air de grands coups de fouets ;

Et dans des cors d’airain des nains aux bras fluets. De Sicile en Brabant, de Mayence à Grenade, Clament : « Chrétiens, voici la chasse Hérodiade. »