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dans les bois ! Vous êtes si bon, et puis vous ne ressemblez à personne, et puis vous êtes triste, et moi qui suis gaie, j’adore cela. Pourquoi les gens tristes sont-ils toujours meilleurs que les autres ?

« Je vais avoir du mal à reprendre la vie de Paris après ces deux jours passés avec vous, déjà Dieppe m’ennuie : au fond je déteste les grandes villes, je suis une paysanne et puis je me sentais meilleure à Valmont, avec vous.

« Demeurez-vous à Saint-Phaland quelques jours ? Moi, je suis ici pour une huitaine. Comme ce serait gentil à vous, mon ami, de m’attendre au retour et d’aller encore passer quelques jours ensemble, tous les deux, à Franqueville ou à Valmont.

« Je ne vous embrasse pas, car je vous sais un homme étrange et sauvage, mais je me serre très fort contre vous, mon petit Serge.

« Je vous aime bien. »

Pauvre et charmante fille, est-ce qu’elle aussi se serait prise au charme dangereux de la pitié ?  ; Est-ce que cette éternelle sympathie qui sommeille dans le cœur des femmes pour la misère et le malheur, cette douloureuse volupté de la souffrance, qui fait les saints et les sœurs de