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bruit de faux très loin, derrière les murs, et c’était là même le seul bruit du silence avec, de temps à autre, la chute mate dans l’herbe d’une prune trop mûre qui se détachait, chute invisible, dont l’odeur chaude évoquait à nos yeux la chair ambrée, fendue et juteuse du fruit.

Et c’était comme le goût de ses lèvres ; ce détail seul me reste, tous les autres ont fui.


Valmont, 28 août. — Valmont avec ses collines boisées, son château historique dont le haut donjon et les toits ardoisés dominent aujourd’hui un parc à l’anglaise descendant en pentes douces jusqu’à des pâtures entourées de claires-voies ; Valmont et ses eaux vives murmurant à tous les coins de haies et mettant en mouvement à travers deux lieues de vallée les roues moussues de vingt moulins ; Valmont et son vivier solitaire, reflétant les arceaux en plein cintre et les piliers rongés d’une abbaye en ruines ; Valmont dont le nom romanesque et le paysage arrangé de keepsake ont charmé et fait si longtemps rêver les heures de trouble et de curiosité vague de ma lointaine enfance, à l’époque de la puberté !

Valmont, dont je devais retrouver le nom