Page:Lorrain - Buveurs d’âmes, 1893.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pourquoi le dimanche suivant allai-je à la messe, moi qui, à peine entré dans une église, m’y sens bêtement défaillir, le cœur décroché par la fade odeur des cires et de l’encens ?

Ce n’était point pour la revoir, puisque d’elle je ne connaissais que la silhouette, la démarche à peine entrevue, et ne savais pas plus la couleur de ses yeux que les lignes de son profil, pas plus les lignes de son profil que le son de sa voix.

Et c’est pourtant bien pour elle que j’y retournais, et ce dimanche-là j’aurais dû être à Aix.

On n’évite pas sa destinée, il faut croire que tout ce qui arrive est écrit.


3 Juin

Écoute ce que dit le chagrin dans ton âme,
N’étouffe pas sa voix, il parle, écoute-le.
N’essaie pas d’apaiser la redoutable flamme,
Tes maladroites mains attiseraient le feu ;
Tu le noieras mieux dans les larmes,
Plains dans ton cœur les autres malheureux.
Songe à tous ceux qu’étreignent tes alarmes,
Pleure sur toi, pleure sur eux
Et la pitié, qui fait mal et console,
Et la foi, qu’elle engendre et ravive à son tour.
Te donneront peut-être, âme esseulée et folle.
Le repos dans la grâce et la paix dans l’amour.