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la première venue, des figurantes prises derrière un portant de théâtre dans l’empuantissement des coulisses ; puis, la réputation venant à Morfels, avec des camarades à elle, des petites acteuses sans grâce et sans talent, mais ayant pour elles leur jeunesse, toutes ravies, la figurante comme l’acteuse, de chiper l’amant à Madame, à une grande qui touchait des feux de cinquante louis par soir, quand elles avaient à payer, elles, des cinquante francs d’amende sur des mensualités de cent cinquante. Enfin, avec les succès consacrés de ses pièces, des intrigues mondaines et même de haute galanterie s’étaient nouées dans la vie de Morfels ; pour la plupart, des folles, des vicieuses et des oisives, curieuses de savoir quel goût avait le bonheur de la Monteuil et pas fâchées, les malfaisantes créatures, de troubler un peu de ce bonheur ; et lui, enchanté dans sa vanité d’homme et d’auteur de ce bruissement autour de lui de noms cotés et d’étoffes rares, avait accepté tous les rendez-vous, toutes les provocations, impertinentes ou galantes, s’était rendu à tous les appels, trompant effrontément sa maîtresse pour des femmes qui, certes, ne la valaient pas, la copiaient à la ville