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Aïssé, et c’est justice, elles ont tant fait pour lui.

Il leur facilite les rencontres, les entrevues, leur évite les ennuis, les renseigne sur leurs clients, sur la solidité de leurs fortunes, les exigences de leurs goûts et leurs petites manies : un tel est à la hausse, un tel est à la baisse, il dit les gains du jeu et les pertes aux courses, il sait, il connaît tout. Les croupiers de cercle, les cochers, les valets d’écurie, les bookmakers, le monde du turf, jockeys et entraîneurs, le monde des bars, des souteneurs et des filles sont à sa disposition, prêts à lui rendre service ; c’est sa police à lui. La première maison cotée de rendez-vous, tu l’as deviné, ce sont ses écuries ; mais halte-là, ce n’est pas une succursale de la baronne d’A…, on s’y rencontre et voilà tout. Invernesteers ne tolérerait pas autre chose : tout ce qu’il peut faire pour ces dames, c’est de les conduire aux courses d’Auteuil et les promener le matin dans son mail jusqu’au parc de Saint-Cloud.

Les femmes font valoir les chevaux : les splendeurs du harnais mettent en valeur les toilettes des femmes, et M. Aïssé a commission sur le tout.

— M. Aïssé, pourquoi M. Aïssé ?