Page:Lorrain - Buveurs d’âmes, 1893.djvu/226

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mon parti. Jacques et le coupé m’attendaient dehors. À l’hôtel je trouvai un petit bleu de Maurice : il n’avait pu venir, retenu par son service à Versailles, mais il serait à six heures à Passy… j’avais cinq heures devant moi.

Je les employai à faire une de ces toilettes… intimes et soignées, toutes dans la science et le raffinement de dessous que tu sais, les dessous de la femme amoureuse qui s’attend à être aimée à outrance ; j’avais mis le parfum qu’il aime et qui n’est pas le mien cependant, mais qui l’est devenu et… (ce que c’est que de nous), je m’ingéniais à retrouver dans ma garde-robe une toilette de nuance et de forme analogues à celle que je portais à Aix, l’année dernière, à pareille époque, le soir de ce fameux 11 juillet, que nous allions faire revivre entre nous.

À six heures et demie, avec trente minutes de retard, mon Maurice entre dans ma chambre, et devine de quelles paroles il accueille mon retour : « Vous avez fait un bon voyage… » Vous, il me disait vous, maintenant. « Le baron va bien ? » Puis me toisant des pieds à la tête, comme pour un examen : « Quelle singulière robe vous avez là, ma chère, est-ce que vous comptez dîner dehors dans cet accoutre-