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AU DELÀ

À Joris Karl Huysmans.


   « Ici, parmi les chênes, l’ombre est un miroir étrange de rêveries, et toutes les fleurs sont telles qu’elles vivent de vieilles vies, pensives ; et quand je songe en regardant les plaines, qui roulent, par delà les branches, il passe des cortèges d’heures oubliées. »

Ces vers (sont-ce des vers ?), je les relisais pour la deuxième fois avec une surprise charmée et inquiète, emporté bien loin du petit chemin de banlieue, où je les feuilletais, vers je ne sais quelle solitude ombragée et profonde ; et à cent lieues vraiment de la porte d’Auteuil et du frêle et frileux décor de ces dessous de Bois, grisailles éclaboussées de vert et gouachées de violet par l’éclosion des pousses, je me prenais à rêver d’une sauvage et calme lisière de forêt, pénétrée d’ombre et baignée de silence, d’un coin de bois obscur, où luiraient çà et là, pareils