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Éros, des anneaux d’émail aux chevilles et très haut, autour de ses bras frêles, des bracelets bossués d’améthystes et de rubis brasillants.

Et, m’étant enquis alors du paysage, je vis que ces plants d’oliviers bornés à l’horizon par des bois de sapins et des glaciers bleuâtres n’étaient point de Judée, mais de la plaine Lombarde, et je compris quelle mystérieuse allégorie avait voulu fixer le peintre.

C’était la descente de croix, non plus du Christ, mais de l’Amour que représentait un pastiche sacrilège.

Et cependant les figures en prière autour de ce Jésus aux grâces efféminées d’Adonis étaient bien celles du nouveau Testament. Cette femme déjà vieille, au profil amer et ravagé dans une capuce de drap sombre, avait bien pour le douloureux cadavre les gestes enveloppants et le sourire en larmes d’une Pieta au cœur sept fois cruellement transpercé ; le lourd manteau bleu qui la drapait et sa robe d’un ton rougeâtre étaient bien ceux que tous les peintres religieux prêtent à la mère du Sauveur.

De même pour l’autre figure de femme comme