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Je sentais peser sur moi le regard de Lady Viane. Je l’examinai à mon tour. « Attendez », semblait dire ce regard ; j’attendis. Tout à coup, Claudius parut se soulever ; d’une main, il écarta son drap, entr’ouvrit sa chemise qui montra sa poitrine velue…, ses lèvres se retroussèrent sur ses gencives noires et, d’une voix qu’on aurait dit lointaine, plutôt dans un soupir : « Ophelius, » murmura-t-il, « Ophelius. » Il prononça le nom trois fois. Lady Viane avait saisi une des fioles posées sur la table et la lui faisait respirer. La tête de Claudius, qui s’était injectée de sang, retombait sur l’oreiller, subitement redevenue terreuse. Lady Viane boutonnait la chemise entr’ouverte, ramenait le drap sur cette chemise et me regardait.

« Ophelius ! » interrogeai-je. La comtesse mettait un doigt sur ses lèvres puis, ayant appelé la religieuse, elle reprenait ma main et, m’emmenant au fond de la chambre : « Ophélius, oui, me disait-elle d’une voix très lente et très calme, c’est là sa maladie, il meurt de cet Ophélius » puis tout à coup, me fixant dans les yeux : « Voulez-vous le voir, me disait-elle ? » Qui donc, Ophélius ! — « Oui, suivez-moi »,