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ses portes à deux battants au poète des Yeux.

Yeux pauvres et las, yeux de malade sans maison, yeux de laboureur à la fenêtre d’une usine, yeux de blessé regardant le chirurgien, yeux de convalescent se promenant dans la moisson, yeux d’agneau blanc dans la prairie où sèche le linge, yeux effarés et effarants ! Oh ! avoir vu ces yeux et ne plus pouvoir fermer les siens, sans toujours les revoir.

Le petit Ferdinandez déclarait cela tout bêtement crevant ; quant à Hariett, qu’il y eût des gens pour trouver cela curieux, il n’y avait aucun mal, tous les dégoûts sont dans la nature, mais lui n’était probablement pas à la hauteur, il n’y voyait goutte, lui, dans ces yeux-là, c’était sa très simple opinion ; et les quatre frères Aymon, tous les quatre très forts, Lacroix-Larive, de sa beauté d’Hercule et de ses succès cotés de sport et d’alcôve, Ferdinandez, de son rastaquouérisme verni au frottaillement dispendieux des grands cercles et de la puissance de ses millions, Hariett, de sa réputation boulevardière et surfaite de causeur redoutable, Herbeau, de sa bêtise et de son réel talent primé, médaillé et classé à plus de