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ce coin d’océan, bouleversant, de Boulogne à Cherbourg, et les ports et les plages. La marquise d’Osborne n’en avait pas moins réuni ce soir-là à sa table, comme tous les soirs d’ailleurs depuis son arrivée à Pourville, le beau Lacroix Larive, le petit Fernandez, le sculpteur Herbeau et le journaliste Hariett, les quatre frères Aymon, comme les désignaient d’un même et facile surnom les propos ineptes des snobs du pays.

Un amoureux, un flirt avoué et quotidien manquait pourtant ce vendredi soir-là au dîner des quatre gardes du corps, Henri Morland le poète, un nouveau débarqué aussitôt accueilli à la villa Tourette — dérogation à une consigne sévère, — et cela sur la foi d’une chronique enthousiaste du Daily Telegraph, laquelle venait, sous la garantie d’une signature fameuse, de révéler son dernier volume au public.

Quel intérêt la grande ennuyée, que semblait être la marquise, avait-elle pu trouver à cette poésie compliquée et maladive devenue, durant un jour, une actualité par le fait d’un chroniqueur artiste et fantasque ? La villa Tourette n’en avait pas moins ouvert