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coin de vallée de la côte, au cœur même de cette vieille ville morte, dans ce quartier froid et dont les lents carillons d’église, sonnant tous les quarts d’heure, sont le seul mouvement et comme la respiration monotone, lourdes fleurs de fer s’effeuillant d’ennui !

On ne savait. De père en fils, le marquis de Sonyeuse, le chef de famille en personne, avait coutume de venir deux fois par an, à Pâques et à la Saint-Michel ; il descendait au pavillon et y demeurait deux jours, le temps d’y recevoir ses fermiers qui venaient y payer leurs termes. Les de Sonyeuse étaient propriétaires de la majeure partie des terres des environs. Pendant ces deux jours de l’année seulement, on voyait s’entrebâiller les persiennes du rez-de-chaussée toujours hermétiquement closes, puis, le marquis parti, le pavillon inhabité retombait de son ensommeillement, mais n’en gardait pas moins, malgré son abandon, la gaieté de ses murailles, pierres blanches et briques roses, éclatant au milieu de son profond jardin aux ombrages dormants : un jardin qui se terminait du côté de la vallée