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Puis les visites du vieux docteur Lambrunet s’espacèrent : deux ou trois fois il me parla de mon amie Hélène, maintenant en Angleterre avec sa mère et lord Archibald Mordaunt, mais sans insistance, et ma curiosité satisfaite finit par s’assoupir dans un égoïste engourdissement.

Comment ne me vint-il aucun soupçon devant le parti évidemment pris de ne parler de Sonyeuse qu’à la dernière extrémité en ma présence, devant les précautions désormais observées pour ne jamais me laisser seul ? Ma bonne Heloïse montait maintenant dans ma chambre et y demeurait durant le repas de mes parents. Comment une méfiance du complot ourdi autour de moi ne m’est-elle jamais venue éclairer surtout devant la gène et le malaise de cette fille, des qu’elle se trouvait seule avec moi, devant le comique effroi de toute sa physionomie de bonne, quand il m’arrivait parfois de prononcer ! e nom de Sonyeuse et de lady Mordaunt ?… il est vrai que depuis…

Mais la mémoire a de ces trous, l’intelligence de ces lacunes. Un jour pourtant (peut-on donner au vague pressentiment, que j’éprouvais, le nom