princesse ; il fallait que ces Mordaunt fussent immensément riches pour habiller une enfant de onze ans à peine avec un luxe, qu’auraient à peine pour les leurs les plus grands seigneurs millionnaires de Londres ou de Paris.
Elle n’en avait pas l’air plus gaie pour cela, la pauvre petite. Elle avait bien son cerceau, une balle dans les mains, mais je ne me souviens pas de l’avoir jamais vue jouer ; elle demeurait toujours là immobile, plantée dans le sable uni d’une allée ou bien s’y promenait très grave, à pas comptés.
Avant l’aventure du livre à l’Abbaye, sous la persistance de mes regards, elle finissait par regarder aussi, et, me reconnaissant pour son voisin de chaise, m’adressait de très loin un vague sourire, mais jamais elle ne s’approcha, jamais elle ne fit même un mouvement vers nous.
Ce devait être une nature très timide et très fière. Depuis la malencontreuse affaire du paroissien, quand elle m’apercevait du fond de son allée elle tournait la tête et s’en allait à petits pas !
Enfance douloureuse et voilée de mystère.