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ciens volets de bois de la grille, et que certains jours, ma bonne et moi, nous nous heurtions à une barrière d’auvents peints du rouge le plus cru, comme l’étal d’un boucher.

Ces jours la, plus de Sonyeuse : un caprice de lord ou de lady Mordaunt nous avait dérobé la vue du mélancolique et vieux domaine, ce domaine dont leur présence nous avait déjà exilés : mais, en nous retournant un peu penauds, ma bonne et moi, de notre curiosité déçue, ce que nous regrettions, ce n’était pas de n’avoir point vu les hauts marronniers de trois sièges, ou les gazons peignés au râteau des pelouses, mais la petite Anglaise, souvent entrevue à travers les barreaux de cette grille assise sur un banc, la tête d’un gros chien sur ses genoux, ou, un cerceau à la main, debout au milieu d’une allée.

Pauvre petit oiseau, l’air toujours si désemparé et si triste, et pourtant si joliment et si simplement attifée, si bien mise ! Presque nue, hiver comme été, dans de délicieuses petites robes blanches, ou d’autres alors de nuances adoucies et exquises.

Cette petite abandonnée avait un trousseau de