Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/35

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pitaient comme des voix, effroi d’ailes dans les feuilles, bruit de pas sur la mousse, et dans l’air cette enivrante odeur d’amande amère, que répand l’aubépine en fleur.

Comme nous grimpions tous trois, mon père, ma mère et moi, par un étroit sentier raviné, dévallant raide sous bois et tout obstrué de branchages et d’énormes racines traînant en nœuds de serpent sur l’argile des talus (je me souviendrai toujours du bleu intense et cru du ciel qui brillait ce jour-là sur nos têtes), nous nous rencontrions nez à nez avec les Anglais de Sonyeuse, père, mère et enfant.

Nous montions, eux descendaient la sente.

Lady Mordaunt avait-elle reconnu ma mère ! la sente était, je crois l’avoir dit, très étroite ; avec une politesse exquise les hôtes de Sonyeuse se rangeaient tout contre le talus et s’effaçaient pour nous laisser passer.

Mais dans ce mouvement le grand chapeau de paille de lady Mordaunt se trouvait accroché à une branche et, tout à coup décoiffée au passage, l’Anglaise s’arrêtait brusquement, la taille et les épaules