Page:Lorrain, Jean - Sonyeuse, 1891.djvu/34

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et la menthe embaumaient. C’était aux mois bénis,
Où le hallier s’éveille à l’enfance des nids
Et les pommiers neigeaient dans les bois frais et calmes.
Au pied d’un chêne énorme, entre les vertes palmes,
Des fougères d’avril et des touffes de lys
Viviane et Myrdhinn étaient dans l’ombre assis.


Ces vers que je composais beaucoup plus tard, dans ma vingtième année, j’ai toujours pensé qu’ils m’avaient été inspirés par une tenace et délirante impression d’enfance et, si j’ai tant célébré depuis et en prose et en vers la galloise Viviane et l’enchanteur Myrdhinn, l’image de lady Mordaunt, certes, n’a pas été non plus étrangère à cette obsession d’une légende plus anglaise en somme que française et à l’espèce d’amour posthume voué par moi, au-delà de l’espace et du temps, à la blonde ennemie de Merlin.

Broceliande ! ce coin de parc en forêt et qui s’appelait en réalité Franqueville, Broceliande, c’était bien Broceliande en effet, où je me promenais avec les miens ce jour-là, un clair et chaud dimanche de juin, Broceliande avec l’enneigement fleuri des pommiers sauvages, crispant leurs troncs rugueux dans l’ombre des sapins, et ce grave silence où pal-