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prières, et se trouvait en même temps que les Anglaises auprès du bénitier ; lady Mordaunt levée la première, avait déjà trempé sa main gantée de gris ; ma mère alors, comme si rien n’était, mouillait, elle aussi, ses doigts dans la vasque de marbre et, se tournant vers la petite Mordaunt, tendait à cette peureuse enfant sa main humide d’eau bénite.

Lady Mordaunt avait une imperceptible inclinaison de tête et passait.

Ce qui n’empêche pas que le même jour, au déjeuner, ma mère avait avec mon père cet entretien révélateur : « Tu seras bien aimable, à la première occasion, de demander au bedeau de changer mes deux places et de me faire avancer vers le chœur, les dames anglaises de Sonyeuse donnent des distractions à ton fils pendant les offices. »

Je baissai le front et ne sonnai mot.

Le dimanche suivant, nous prîmes place ma mère et moi sous la chaire même du prédicateur, à mi-nef du chœur ; en pénétrant dans l’église, je jetai un rapide coup d’œil vers mes anciennes places ; lady Mordaunt et sa fille n’y étaient plus,