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L'Air et la Vitesse

Il ne faudrait pas croire cependant que l’on pût multiplier, à l’infini, le nombre des étages du bâtiment ou le nombre de tonneaux du navire. Il y a une limite qui est imposée par la résistance des matériaux employés ; nos moyens à ce sujet sont connus, ils peuvent être améliorés ; mais dans une certaine limite seulement.

Ce qu’il faut bien faire ressortir, c’est que le constructeur ne fait jamais semblable : s’il a exécuté un pont de 10 mètres de portée et qu’il ait à faire un pont de 100 mètres destiné au passage des mêmes charges, il ne lui suffit pas de prendre les plans du premier projet en spécifiant que l’échelle est dix fois plus petite ; ce procédé expéditif le conduirait certainement à une catastrophe.

L’homothétie, la similitude géométriques n’existent pas, ne peuvent pas exister en construction et cela, au point de vue statique d’abord, en ne faisant intervenir que les facteurs espace et masse et aussi le facteur pratique résistance des matériaux et a fortiori, au point de vue dynamique, en faisant intervenir le facteur temps.


Ces considérations prennent une importance considérable en aéronautique où aucun repère sérieux ne vient déterminer et fixer les conditions de la bonne échelle de construction. Pour bien marquer cette incertitude, faisons un voyage dans le domaine de l’utopie. Suivons Swift chez les Lilliputiens, ensuite dans le monde des Géants.

Lilliput est un pays merveilleux. C’est le véritable pays de l’aviation. Constatons tout d’abord que cette pratique n’y est pas dangereuse : sauter d’un cinquième étage est un jeu ; on court le risque d’une souris tombant du haut d’une table.

À Lilliput, on chevauche l’oiseau, on fait de l’aviation au sens propre du mot, tout comme nous faisons de l’équitation, en admettant qu’il y existe des oiseaux de