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D’ailleurs, l’esprit de parti qui les persécute, éveille ou entretient l’esprit de parti qui les soutient ; et, à ne considérer la chose que par son côté purement politique, c’est encore un mauvais calcul d’ajouter au crédit qu’ils obtiennent par leurs succès, l’intérêt qui s’attache au malheur. Un grand nombre de nos lecteurs ont pu voir de leurs propres yeux ce qui arrivé ordinairement dans les villes, lorsqu’une décision du conseil municipal vient à supprimer la subvention jusqu’alors accordée aux écoles des Frères. Aussitôt les maisons importantes du département, qui passent pour ne point voir de bon œil l’ordre de choses établi, se hâtent de réunir des ressources suffisantes pour assurer l’existence des établissements menacés. Elles se sentent provoquées dans cette attaque aux écoles qu’elles ont créées, et elles croient leur honneur intéressé à répondre au défi. Le clergé, protecteur naturel de cet institut religieux, ne se contente pas d’invoquer la générosité des familles puissantes ; des quêtes dans les maisons bourgeoises, dans les rangs les plus humbles de la société confondent le denier de la veuve et l’abondante souscription du riche dans une protestation générale contre l’inique arrêt des magistrats.

Ainsi, le plus souvent, pour satisfaire à des sentiments secrets qu’on n’oserait avouer, on compromet les intérêts mêmes que l’on a cru servir. Non seulement on a réveillé des passions assoupies, mais, comme on a mis le bon droit du côté de ses adversaires, on a réellement accru leur puissance, et on la popularise dans toutes les familles d’artisans et de malheureux dont les enfants fréquentaient les leçons des Frères. Aussi, l’effet immédiat de ces votes maladroits est-il d’encombrer aussitôt les écoles proscrites : les salles ne sont plus assez vastes pour contenir l’affluence des enfants qui s’y présentent, et l’on signale avec raison cette sura-