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çonnais (251), les Auvergnats (252), qui, aux approches de l’hiver, quittent leurs montagnes et s’en vont droit devant eux jusqu’à ce qu’ils aient trouvé une commune qui les loue pour la saison (253). Les prix varient, c’est comme de toute autre denrée. Mais comme il n’y a jamais pour celle-là de disette à craindre, le maximum n’est jamais bien élevé : on les retient donc pour deux, trois ou quatre mois, selon les besoins de la consommation ; quinze écus, vingt écus pour la saison paraissent une existence honnête (254), et, quand la besogne est finie, quand les hirondelles reparaissent, l’instituteur annuel reprend le chemin de sa cabane, avec ses économies dans un coin de son mouchoir, comme le ramoneur quittant Paris après l’hiver. Du reste, il va sans dire que rarement ils reviennent dans le même pays (255) : ce serait un grand hasard qu’ils y fussent arrivés les premiers pour traiter ; et d’ailleurs, comme, avant de le quitter l’année précédente, ils ont été obligés d’avoir des contestations avec les familles pour obtenir le paiement de ce qui leur était dû, ils craignent que le souvenir de leurs exigences n’ait diminué la clientelle. Ajoutez à cela que, de leur côté, les communes n’ont pas toujours été satisfaites de la fidélité qu’on a mise à accomplir le marché. Ces hommes dont on ne connaît ni l’origine, ni le caractère, offrent peu de garanties. Leur vie aventureuse est déjà une présomption fâcheuse contre leur moralité, et, quand ils ont exploité le village pendant quelques mois, ils ne se soucient guère de revenir payer leurs dettes, ou recevoir des reproches mérités en tout genre (256). Si nous avions à décrire cette espèce d’instituteurs, nous les distinguerions donc des premiers, en ce que leur existence dans le pays ne dure qu’une saison, qu’ils ne poussent point de racines dans le sol où ils sont transplantés ; mais, quant à la confi-