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Pour compléter ce chapitre, il nous reste à rapporter quelques observations que nous ne nous chargeons pas d’expliquer, et que nous livrons seulement aux réflexions de nos lecteurs. La première surtout nous a frappé, j’oserai dire étonné ; mais, comme nous avons entrepris ici une œuvre de bonne foi, nous devions nous garder de lui ôter le seul mérite qu’elle puisse avoir, en contrôlant, par nos raisonnements et nos doutes, des rapports que leur concordance même défend contre tout soupçon d’infidélité, en dissimulant enfin la vérité, quand elle n’avait d’autre raison de nous être suspecte que nos préjugés : ici, comme ailleurs, nous voulons la dire tout entière.

Nous avions pensé, qu’on nous passe cet aveu, que, si l’on devait s’attendre à trouver l’ignorance en honneur, c’était surtout dans un département où l’opinion politique, ennemie de l’instruction populaire, a choisi son champ de bataille ; et, à défaut d’autre motif, la guerre civile, dont la Vendée a si long-temps été le théâtre, me semblait suffisante pour justifier, par ses préoccupations et ses troubles, la désertion des écoles. Eh bien ! c’est là qu’en France les inspecteurs ont rencontré peut-être le plus de goût pour l’instruction (195).

Un autre fait, moins surprenant, sans doute, mais qui mérite de stimuler le zèle des autres communions chrétiennes, c’est que les partisans du culte réformé sont infiniment plus avancés que nous sous le rapport de l’instruction primaire (196). Je ne parle point ici des villes où l’on peut supposer que la présence des personnes considérables de cette religion influe puissamment sur le bien-être des enfants et la direction des écoles, mais jusque dans les villages les plus reculés, les plus obscurs, les plus solitaires, l’influence des formes austères du protestantisme se fait sentir dans le soin religieux avec lequel ils envoient leurs enfants à l’école : et