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— Après avoir tracé un tableau malheureusement trop fidèle de l’état misérable où se trouve réduite l’instruction primaire, nous ne pouvons abandonner ce chapitre sans consoler au moins les yeux de nos lecteurs et ranimer leurs espérances par le récit de quelques faits que nous aurions souhaité trouver plus nombreux.

Il est doux de voir, au milieu de l’indifférence presque universelle des gens de la campagne, de bons pères de familles, des cultivateurs intelligents, sans aide et sans conseil, se concerter entre eux pour donner à leurs enfants un instituteur qui commence par être attaché d’abord à quelques maisons seulement ; puis le nombre des familles qui sont invitées par l’exemple, et se font admettre à cette compagnie, s’accroît, de manière qu’une éducation, domestique dans son origine, finit par devenir une école publique (191). Notre vœu serait exaucé, et la loi n’aurait pas besoin d’une disposition nouvelle, si les enfants condamnés de bonne heure au travail du corps dans les ateliers et les fabriques, y trouvaient aussi la part des soins dus à l’intelligence, comme dans l’école des mousses à Rochefort (192), ou dans celle de la fabrique de porcelaine de Foëcy (193). Honneur aux hommes qui prennent sous leur garde le sort trop souvent négligé de nos petits enfants ! C’est une charité qui ne fait pas grand fracas : ceux qui la pratiquent trouveraient facilement un emploi de leur philanthropie qui leur rapporterait plus de renommée, s’ils visaient à cette récompense : mais s’ils croient leurs soins et leurs aumônes bien payés par le bonheur à venir de leurs protégés, par l’esprit d’ordre et de conduite qu’ils leur inspirent, les jouissances d’esprit qu’ils leur préparent, les garanties nouvelles qu’ils créent à la stabilité des choses, ils ne pouvaient mieux placer leurs bienfaits, ni rechercher une popularité plus légitime : les bienfaiteurs de l’enfance ont bien mérité de la société. Qu’il nous soit