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que chaque jour de la belle saison il ouvre son école ; mais si les enfants, au lieu d’y entrer, saluent, en passant, le maître qui se tient les bras croisés sur la porte, et se répandent dans les champs voisins, le but n’est pas atteint.

Or, qui peut prédire quand les familles ouvriront les yeux sur leurs véritables intérêts, et renonceront au profit qu’elles tirent du travail de l’enfant, pour le laisser étudier lui-même à son profit ? En attendant ce progrès, bien éloigné, je le crains, ne pourrait-on pas trouver quelques accommodements avec ces habitudes pernicieuses, et placer, par exemple, les heures d’étude de manière à ne pas contrarier celles des travaux rustiques (174) ? Quelques personnes avaient songé à mettre la classe du matin avant le départ des enfants (175), mais la chose n’est pas praticable : dès le point du jour ils sont aux champs : ou bien à les prendre au retour (176) ; mais l’heure du sommeil les appelle, et puis, quel fruit espérer d’une classe suivie après l’épuisement des travaux du jour ? En général, dans les campagnes où les ouvriers devancent volontiers le lever du soleil pour chercher, de 10 heures du matin à une heure de l’après-midi, un refuge contre l’excessive chaleur des mois de juin, de juillet et d’août, ne pourrait-on pas profiter de ce moment où les forces ne sont pas encore épuisées, pour réunir les enfants dans l’école ? Au lieu des deux classes régulières, on ne pourrait guère en espérer qu’une, mais ce serait déjà une conquête, et peut-être un acheminement pour l’avenir. Les parents même y seraient d’autant plus disposés que souvent, à cette heure, leur repos (la siesta) est troublé par les jeux et la pétulance des enfants (177). Reste une grande difficulté : les parents, sans doute, se déchargeront volontiers alors de la surveillance de leurs enfants sur le maître, mais ils ne voudront pas le payer pour cela, et il