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nistrateur, le préfet d’un département, par exemple, pour obéir aux exigences de la loi, s’empresse de dresser le tableau des communes qui peuvent être réunies avec le moins d’inconvénients. Il tient d’une main le registre officiel où sont consignés les revenus de chacune d’elles et leur population ; de l’autre, il suit sur la carte de l’arrondissement qu’il étudie, leur circonscription respective. À un quart de lieue, une demi-lieue l’une de l’autre, le hasard semble avoir placé à propos des communes différentes, chacune d’un revenu modique et d’une population peu considérable. Une école, impossible pour l’une d’elles, va se trouver suffisamment pourvue en recevant le tribut de toutes les deux ; et l’on se hâte de les porter à la colonne, Réunion de communes, qui, des bureaux de la préfecture, passe dans ceux du ministère de l’instruction publique. Nous ne voulons pas poursuivre plus loin la fortune de cette proposition qui a pour elle toutes les apparences, et, par conséquent, toutes les chances d’obtenir l’adhésion du ministre, lorsque dans l’intervalle elle est devenue impossible. Un filet d’eau séparait les deux communes ; je veux même qu’il fût indiqué sur la carte que l’on a consultée. L’attention n’a pas dû s’arrêter sur un misérable ruisseau que les enfants de la ferme voisine peuvent, d’une enjambée, traverser à pied sec, et qui, peut-être même, tarit pendant l’été. C’est vrai, mais pendant l’hiver, dans la saison des écoles, le ruisseau devient un torrent (108), et un tronc brut (109), ou une planche vacillante jetée sur le ravin devient la seule voie de communication (110). Le père qui veut bien s’y hasarder, quand la nécessité l’appelle d’une commune à l’autre, se gardera bien d’y risquer les jours de son enfant, lorsque seul, par des temps de neige (111) et de glace, au milieu d’un brouillard trompeur, poursuivi peut-être par les plaisanteries périlleuses d’un camarade d’école, il