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main pour un morceau de pain. N’est-ce pas là avilir la profession honorable d’instituteur ?

Seine-et-Marne ; arr. de Meaux ; cant. de Lagny. — Il est un usage qui se trouve établi dans presque toutes les communes rurales, c’est celui de porter l’eau bénite le dimanche, de maison en maison. Rien de plus humiliant pour l’instituteur, qui semble demander l’aumône, et qui, quelquefois, est accueilli par des propos inconvenants. La plupart des maires et des instituteurs voudraient voir cet usage aboli, sauf à augmenter le budget de la commune de la faible rétribution qui en revient à l’instituteur.

Yonne ; arr. d’Abbeville, cant. d’Ault. — Dans certaines communes, comme à Fressenneville, à Woincourt, à Méneslier, à Tully, etc., les instituteurs vont de porte en porte distribuer de l’eau bénite, et reçoivent, en échange, une demi livre ou deux livres de pain qu’ils apportent dans un havre-sac ; ils vendent la plus grande portion de ce pain, le dimanche, à la porte de l’église ; c’est surtout dans ces communes que les instituteurs sont, si non honorés, du moins bien rétribués, car ce pain leur rapporte environ 4 à 500 fr., et quelquefois plus. La coutume de donner du pain aux instituteurs est commune aux cantons d’Ault, de Saint-Valéry, de Rue et de Crecy.

222 (Voy. 219, Ariège).

Ardennes ; arr. de Réthel. — La manière dont on applique la loi du 28 juin dernier, n’est pas favorable aux instituteurs de l’arrondissement de Réthel ; elle les place presque tous dans une situation plus pénible que précédemment. Les conseils municipaux n’ont pu voter que le minimum de 200 fr., et dans les sept huitièmes des communes, le département ou l’État sera forcé de suppléer à l’insuffisance des 3 centimes.

Ardennes ; arr. de Réthel. — Pour cette somme de 200 fr., la plupart des communes veulent que le même homme soit instituteur, chantre et souvent arpenteur de la commune, qu’il soigne l’horloge et qu’il reçoive gratuitement un certain nombre d’élèves. Il n’y a plus de mariage possible. Les propriétaires qui paient les 3 centimes, et qui, la plupart du temps, envoient leurs enfants au dehors, n’en veulent plus. Les autres habitants prétendent que les propriétaires seuls doivent payer. De ce débat, il résulte que l’instituteur ne recevra, pour ses diverses fonctions, que le minimum de 200 fr.

Ardennes ; arr. de Rocroy, cant. de Rumigny. — Mais d’un autre côté, les communes, même celles qui contribuent pour une faible