cela convient-il à des hommes que la loi nouvelle élève au rang de fonctionnaires de l’État ?
Oise ; arr. de Beauvais ; comm. de Laversines. — L’instituteur est payé en nature.
Hautes-Pyrénées ; arr. de Tarbes, cant. de Tournay. — La rétribution des élèves, dont le nombre moyen est trente par commune, n’est guère plus de quatre ou six francs payés en grain.
Bas-Rhin ; arr. de Strasbourg, cant. de Truchtersheim. — Le salaire répond au logement : la majeure partie des maîtres est payée en nature, et le blé qu’ils reçoivent, et dans lequel l’orge entre pour moitié, forme rarement un traitement convenable, même pour les mieux rétribués.
Des hommes qui mettent si peu de prix à l’instruction ne doivent pas professer une grande estime pour ceux qui la donnent. Aussi, les instituteurs ne sont-ils pas en général beaucoup plus considérés que les simples artisans, et il paraît qu’anciennement ils n’étaient pas autre chose.
Seine-et-Oise ; arr. d’Étampes. — Il y a, dans plusieurs localités, un mode de rétribution qui renferme quelque chose d’humiliant pour l’instituteur en l’assimilant, en quelque sorte, à l’individu qui tend la main pour recevoir la récompense de ses peines, et quelle récompense ? Des pois !
Haute-Marne ; cant. de Longeau. — Vous remarquerez, Monsieur le Recteur, qu’il existe dans le canton de Longeau un usage que j’ai trouvé en vigueur dans plusieurs autres, c’est celui de payer l’instituteur en nature : usage qui, nécessairement, porte atteinte à la considération dont doivent jouir les fonctionnaires, en ce qu’il fait naître, entre eux et les familles, des démêlés sans dignité, qui tournent toujours au désavantage des instituteurs. Ce n’est pas une dette que les parents croient acquitter, c’est une aumône qu’ils s’imaginent faire. Il n’est pas rare qu’on mette de côté, pour le maître d’école, ce qu’il y a de moins bon dans la récolte. Que celui-ci se plaigne ou fasse des observations, il passe pour trop exigeant, heureux si on n’en vient pas aux menaces et aux termes injurieux. Or, dans ces débats, les familles avec les enfants, bien entendu, se rangent toujours du côté du père de famille contre le maître d’école.
Aisne ; arr. de Château-Thierry, cant. de Neuilly-Saint-Front. — Je citerai ici l’instituteur de la commune de Saint-Quentin (lès Louvry), qui exerce sa profession dans une localité composée de seize feux ; il reçoit 1 fr. par an de chaque ménage, et le dimanche, il tend la