Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/269

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’usage des écoles de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine. Les ouvrages que nous avons en ce genre ne me paraissent pas propres à atteindre le but de leurs auteurs. Des deux grammaires que j’ai trouvées dans mon inspection, l’une, celle de Meidinger est mauvaise ; la grammaire de M. W…, qui est très-bonne, n’est peut-être pas assez élémentaire et ne convient qu’aux enfants d’une certaine force et d’un certain âge. Je voudrais que les tableaux n’offrissent à l’élève que des noms d’objets qui lui soient connus, que des phrases présentant un sens raisonnable et qu’il lui est avantageux de retenir.

Tout devrait se dire en français dans la classe française ; il faudrait que l’instituteur expliquât, interrogeât en français, et que les élèves fussent tenus de répondre en la même langue. Dans les commencements, sans doute, les explications, les demandes et les réponses auraient besoin d’être traduites, mais peu à peu la traduction deviendrait moins nécessaire et serait bientôt supprimée. C’est de cette manière, et de cette manière seulement, que l’enseignement de notre langue profiterait aux élèves, et que l’usage s’en répandrait avec les principes.

Haut-Rhin ; arr. de Colmar. — On a remédié à cet inconvénient pour les écoles protestantes de Mühlbach, Metzeral, Sonderbach et Breitenbach, au moyen d’un instituteur ambulant, qui va successivement enseigner le français dans chacune de ces écoles.

Haut-Rhin ; arr. de Colmar, cant. de Ensisheim. — L’exercice de la traduction n’est guère connu que dans les chefs-lieux de canton ; et là, encore, c’est une besogne réservée à un petit nombre d’élus. La réforme ne pourra s’introduire dans cette partie de l’enseignement que par les écoles normales. Les instituteurs qu’a fournis celle de Strasbourg n’en sont pas toujours sortis assez familiarisés avec notre langue, pour trouver du plaisir à la parler et à la faire parler dans leurs écoles. Sans doute il n’en sera plus ainsi.

Il serait intéressant de dresser un tableau statistique où l’on indiquerait pour chaque école le nombre total des enfants avec le nombre de ceux qui parlent facilement le français, de ceux qui ne le parlent qu’avec peine, de ceux enfin qui le comprennent sans le parler. À l’aide d’un pareil tableau, on pourrait, chaque fois qu’on visiterait une école, s’assurer des progrès que les élèves y auraient faits, sous le rapport de la langue française.

Il faudrait que tous les efforts fussent concentrés presque exclusivement sur l’enseignement du français ; qu’on fît sentir aux instituteurs que le gouvernement y attache encore plus d’importance qu’au dessin linéaire, à l’histoire, à la géographie ; il faudrait qu’une circulaire du Ministre avertît les instituteurs qu’ils n’ont pas satisfait à ce qu’on exige d’eux, quand ils ont montré à lire, à écrire et même à conjuguer en français.

Haut-Rhin ; arr. de Colmar, cant. de Ensisheim. — Je citerai l’école de Rumersheim, qui se distingue par le succès avec lequel on y