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succès et de ruine ; car, par cela même que les enfants font l’office des grandes personnes, il arrive que la main-d’œuvre est au plus bas prix, et que les pères de famille, pour suppléer à l’insuffisance de leur propre salaire, sont dans la nécessité de faire travailler leurs enfants au lieu de les envoyer à l’école.

Eure ; arr. et cant. de Louviers. — On attribue le manque de lumières au commerce, qui oblige les habitants des campagnes voisines de Louviers, à faire travailler les enfants aux fabriques.

Jura ; arr. de Saint-Claude, cant. de Bouchoux. — Les communes de ce canton sont trop pauvres pour pouvoir nourrir un instituteur....... Ils arrivent, pour la plupart, dans le mois de décembre, ouvrent leur classe dans la première commune qui leur convient, et même assez rarement dans celle où ils ont enseigné l’année précédente. Souvent il arrive que la rétribution mensuelle, ne suffisant pas pour les faire vivre, ils se nourrissent chez les particuliers, aujourd’hui chez l’un, demain chez l’autre. Les classes sont désertes ; les communes feraient-elles un traitement qui permît à l’instituteur d’enseigner toute l’année, les parents n’y enverraient pas leurs enfants ; ils préfèrent leur faire garder les bestiaux ou les occuper dans des fabriques de peignes, de tabatières, etc., etc.

Nord ; arr. de Cambrai, cant. de Marcoing. — Dans la plupart des communes, on travaille beaucoup aujourd’hui aux cotons et aux soies. Les enfants, dès l’âge de six ans, sont employés dans les fabriques et gagnent déjà quelque argent. Leurs parents, la plupart ignorants, se gardent bien de les en tirer, même quelques heures par jour, pour les envoyer à l’école.

Nord ; arr. de Douai, cant. d’Arleux. — Plusieurs obstacles s’opposent aux progrès de l’instruction primaire : le premier, qui paraît invincible à l’autorité locale, c’est l’établissement de plusieurs fabriques, principalement à Cantin. Il me semble cependant que, pour remédier au mal, il suffirait que MM. les maires s’entendissent avec les directeurs des fabriques ; ces derniers, sans doute, se feraient un devoir d’envoyer les enfants à l’école, s’ils pouvaient leur désigner l’heure à laquelle l’instituteur serait tenu à les recevoir.

Nord ; arr. et cant. de Valenciennes (sud). — Les fabriques de sucre de betterave, dans plusieurs communes rurales, offrent aux parents l’occasion de faire travailler leurs enfants ; ceux-ci ne fréquentent pas les écoles, ou, s’ils y vont, ils n’y restent que très-peu de temps.

Haut-Rhin ; arr. de Colmar, cant. d’Andolsheim. — Les écoles du canton ne sont pas fréquentées par le 10me de la population : fait qui ne doit pas surprendre, dans un pays de montagnes et de fabriques.

Seine-et-Marne ; arr. de Meaux, cant. de Claye. — Il serait à désirer que les chefs de manufactures, ou de grandes exploitations