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pourra presque paraître inutile, car, à quoi sert-il d’apprendre à lire des livres qu’on ne comprend pas ? Or, pour les enfants des communes rurales, les livres français sont aussi inintelligibles que les latins. J’ai cru devoir recommander de la manière la plus expresse, aux instituteurs de ne jamais parler que français à leurs élèves (autant du moins qu’ils le peuvent) ; je leur ai recommandé aussi de faire réciter le catéchisme en français et non plus exclusivement en patois, comme ils le font presque tous.

Meurthe ; arr. de Sarrebourg, cant. de Phalsbourg. — Une autre circonstance qui entrave encore considérablement les progrès dans la plupart de ces écoles, c’est que le peu de temps que les enfants y passent est partagé entre l’étude de la lecture allemande et de la lecture française.

Moselle ; arr. de Metz, cant. de Boulay. — À l’exception des communes de Condé, Boulay et Hiuckange, tout le reste de ce canton est allemand. On enseigne à lire dans les deux langues, d’abord en allemand, puis en français. Cette double étude, avec le peu de temps que les enfants donnent à l’école, pourrait expliquer jusqu’à un certain point, pourquoi, dans ce canton, l’enseignement se borne généralement à la lecture, l’écriture, les quatre premières règles de l’arithmétique, sans aucune notion de grammaire et d’orthographe.

Bas-Rhin ; arr. de Strasbourg, cant. de Molsheim. — Quant à l’enseignement du français, il est presque partout réduit à la lecture et à l’écriture française.

Bas-Rhin ; arr. de Schelestadt, cant. de Barr. — Les parents seraient plus enclins à envoyer leurs enfants aux écoles, si l’enseignement y était plus complet, et plus satisfaisant, surtout celui de la langue française. Celle-ci, dans beaucoup d’écoles, n’est enseignée qu’à une partie des élèves, dans d’autres, les maîtres ne montrent que l’allemand ; et cependant, le besoin d’apprendre le français deviendra de plus en plus urgent à tous les habitants de notre province. Aucun élève des écoles primaires ne devrait à l’avenir l’ignorer complétement. Comment, s’il ne la connaît point du tout, pourra-t-il obtenir de l’avancement, quand il embrasse la carrière militaire ? Pourra-t-il lire et comprendre les actes émanés des tribunaux ou des administrations qui lui seront adressés ? Sera-t-il en état de gérer ses affaires, de veiller à la conservation de sa fortune, s’il n’a point la moindre idée de cette même langue ? Ces raisons, et encore plusieurs autres d’une pareille importance paraissent nécessiter une mesure générale que prendraient les autorités compétentes pour introduire l’instruction de cette langue dans toutes les écoles de notre province. La publication d’un nombre suffisant de bons ouvrages élémentaires, composés à cet effet, serait sans doute un des moyens les plus sûrs pour mettre en pratique ce principe, aussitôt qu’il aura été établi d’une manière solide. Ils devront être composés par des personnes qui connaissent bien la nature et les besoins des écoles de l’Alsace,