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Haut-Rhin ; arr. de Colmar, cant. d’Ensisheim. — Il faudrait un ouvrage entier ou tout au moins un long mémoire, si l’on voulait développer les inconvénients qui résultent de l’ignorance de la langue nationale, exposer combien cette langue est peu répandue dans notre province, remonter aux causes de toute nature qui s’opposent à ses progrès, expliquer l’insuffisance des moyens employés jusqu’ici pour combattre ces causes et surtout indiquer les mesures qu’il y aurait à prendre. Je me bornerai à un petit nombre de faits et d’idées. À Strasbourg et à Colmar, il peut y avoir dans les écoles un dixième ou tout au plus un septième des enfants qui parlent plus ou moins français. Le nombre se réduit à un quinzième ou à un vingtième peut-être dans les autres villes. Quant aux campagnes, je n’oserais affirmer qu’on en trouvât un sur deux cents. Parmi les instituteurs, il y en a qui ne comprennent pas même la langue française ; cependant, on enseigne presque partout à lire et à écrire en français ; mais à quoi bon, si l’on ne fait aucun effort pour donner aux enfants l’intelligence de ce qu’ils lisent et de ce qu’ils écrivent ? Or, c’est ce qui arrive presque partout.

Haut-Rhin ; arr. de Colmar, cant. de Munster. — Le canton de la Poutroye est tout français, et celui de Munster tout allemand. Dans ce dernier, beaucoup d’instituteurs sont absolument étrangers à la langue nationale.

Côte d’Or ; arr. de Beaune, cant. de Bligny. — La prononciation est extrêmement vicieuse dans le canton de Bligny. Il y a des communes où pas une personne ne parle véritablement français, et où j’avais peine à comprendre ce que me lisaient les enfants. L’instituteur lui-même prend quelquefois les habitudes orales du pays qu’il habite ; il parle patois ; je n’affirmerais pas qu’il s’en dispense dans la classe.

Haute-Loire ; arr. de Brioude. — La faiblesse de ces premières études doit être attribuée à la désertion des écoles dans toute la belle saison, à l’incapacité des maîtres en général, à l’habitude de parler patois, commune à la bourgeoisie, même dans les petites villes aussi bien que dans les campagnes.

Vosges ; arr. de Neuf-Château, cant. de Bulgnéville. — Beaucoup d’enfants entendent sans cesse leurs parents répéter que la science n’est bonne à rien ; qu’étudier c’est perdre son temps, qu’il suffit de savoir tenir la bride d’un cheval et tracer un sillon. Aussi, le travail et l’application des élèves sont-ils à peu près nuls. Si un enfant se sert d’une expression française, retenue par hasard, le père et la mère se moquent de lui et y substituent un patois barbare.

Landes ; arr. de Saint-Sever, cant. d’Hagetmau. — Les in-