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ment étonnées les personnes qui ne connaissent que les jolies routes qui sillonnent les environs de Paris. Pendant sept à huit mois de l’année, les chevaux mêmes ont à faire d’incroyables efforts pour se tirer de ces bourbiers ; des enfants y demeureraient engagés ; et c’est précisément dans ce temps de l’année que les parents pourraient se passer d’eux et les envoyer à l’école.

Gironde ; arr. de Bordeaux, cant. de Castelnau. — En hiver, ces immenses plaines de landes se convertissent en lacs ; et malgré l’usage des échasses, les communications doivent être au moins fort difficiles. La plus grande des difficultés est la distance des habitations. Les communes sont si éloignées les unes des autres, qu’il est rarement possible d’en associer deux pour une seule école ; et les différentes parties d’une même commune sont séparées par de si grands intervalles, qu’il n’est guère plus facile d’en réunir tous les enfants en un même lieu.

Lot ; arr. de Figeac, cant. de Bretenoux. — Je ne sais si, dans certaines communes, l’exécution rigoureuse de la loi ne serait pas une injustice. Par exemple, Corniac se compose de deux paroisses éloignées l’une de l’autre de près d’une lieue. Il est impossible que les enfants de la Mativie aillent en classe à Corniac, non seulement à cause de la grande distance qu’ils auraient à parcourir, mais parce que les chemins sont affreux et même dangereux, surtout en hiver, et pour des enfants. Or, serait-il juste que les habitants de cette paroisse contribuassent à entretenir l’instituteur de Corniac, instituteur qui leur serait tout-à-fait inutile, puisqu’ils seraient forcés d’en avoir un particulier ?

Pas-de-Calais ; arr. de Béthune, cant. de Laventie. — Les maisons, en ce pays, sont, en général, très-éloignées, et les chemins sont presque impraticables pendant six mois de l’année ; on ne peut traverser ces chemins qu’à l’aide de pierres placées de distance en distance. Le verglas, en hiver, rend ces pierres fort dangereuses. Les enfants ayant donc à faire une route fort longue et très-difficile pour arriver à leur école, sont, pendant bien des jours de la mauvaise saison, obligés de rester chez eux.

Puy-de-Dôme ; arr. de Clermont et d’Issoire. — Ce n’est point la peine de payer un instituteur, disent les pères de famille, qui n’habitent point le chef-lieu, si nos enfants ne peuvent aller recevoir ses leçons. Pourquoi vouloir nous forcer de donner 200 fr. au moins, et un logement à un maître autorisé, lorsque nous en avons parmi nous qui se contentent de la rétribution qui leur est payée par chaque élève ? Ce n’est donc guère qu’en hiver qu’une inspection générale des écoles primaires pourrait produire des résultats satisfaisants. Mais, si une tournée de ce genre ordonnée malgré le vent, la neige et la pluie ne rebute point un inspecteur zélé et valide, tant qu’il ne s’agit point pour lui de quitter la plaine, il n’en est point de même lorsqu’il est obligé de