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Patrice attire à elle Saint-Michel, toute la population de Planche-Oury, c’est-à-dire, une très-forte partie de la commune de Saint-Michel se trouve éloignée d’au moins une lieue et demie de l’école de Saint-Patrice. Si, au contraire, Saint-Patrice était en position de s’adjoindre à Saint-Michel, presque tout le bourg situé dans la vallée ne pourrait, en hiver, gravir les ravins qui conduisent à l’école de Saint-Michel, sans compter la distance qui, dans la position la plus centrale possible, ne pourrait guère être moindre de cinq quarts de lieue. Que sera-ce, lorsqu’un ruisseau, inaperçu sur la carte, des chemins impraticables l’hiver, c’est-à-dire, pendant la saison d’école, une population disséminée, fort loin du centre de la commune à réunir, comme celle d’Athée, qui a sept lieues de tour, viendront déconcerter tous les plans d’adjonction tracés sur le papier par le préfet ou le sous-préfet de l’arrondissement ? On ne saurait donc trop consulter, sur tous les petits détails de localité, tous les accidents du sol, pour ainsi dire, avant d’ordonner ces adjonctions ; encore, seront-elles presque toujours funestes à la propagation de l’instruction primaire dans toute la commune, et ne pourront-elles s’excuser que par une nécessité malheureusement bien constatée.

Au reste, ici, comme en toute chose, on retrouve dans les masses cet instinct heureux qui les ramène au bien, même par un principe qui n’est pas toujours louable. Bien des communes qui feraient peut-être volontiers le sacrifice de l’instruction primaire, au moins pour une partie de leur population, en s’adjoignant à quelque autre, sont retenues par une pudeur salutaire. Il leur en coûte d’aller déclarer leur misère, en mendiant la faveur d’être admises dans l’école d’autrui. Le point d’honneur les prend ; les rivalités de voisinage s’en mêlent ; les centimes additionnels sont votés, et la commune attend fièrement que la loi satisfasse à ses promesses, comme elle vient de satisfaire elle-même au vœu de la loi. Heureuse ambition, qui tourne au profit de notre cause, et gagne encore à l’instruction quelques créatures humaines, peut-être condamnées à l’ignorance, sans ce précieux élan de l’égoïsme municipal !

Lozère ; arr. de Florac. — La plupart des communes sont partagées en sections plus ou moins éloignées les unes des autres. Ce fait contrarie extraordinairement les autorités, pour la mise à exécution de la loi du 28 juin ; chaque conseiller municipal, en votant des fonds, voudrait que l’instituteur résidât dans la section de commune où il a sa résidence, d’autant plus qu’en hiver la neige et l’extrême rigueur du froid empêchent toutes communications avec le chef-lieu de la commune. Cet inconvénient se rencontre aussi fréquemment dans l’arrondissement de Mende que dans les Cévennes.

Marne ; arr. de Vitry-le-Français, cant. de Saint-Remy en Rousemont. — Ce qui, sans doute, n’est pas un faible motif de cette infériorité dans l’éducation morale, c’est la difficulté des chemins et par conséquent, des communications entre les communes. Celles surtout