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vaux champêtres et à la garde des bestiaux ; l’instruction même gratuite n’a pour eux aucun attrait. Ce n’est que dans les quatre ou cinq mois d’hiver, où tous les travaux sont suspendus et impossibles, que les écoles sont fréquentées, pour devenir plus ou moins désertes dans la belle saison, comme on peut s’en convaincre par les présents tableaux. Les enfants, commençant leurs travaux manuels dès l’âge de douze ou treize ans, et n’ayant suivi l’école que pendant une partie de leur bas âge, en sortent presque aussi ignorants qu’ils y étaient entrés ; car, la durée de leur instruction, qui est de cinq ou six ans, doit se réduire de moitié, à cause des intermittences, et tous les ans, ils oublient en été le peu qu’ils avaient appris en hiver.

Bas-Rhin ; arr. de Strasbourg, cant. de Brumath. — Quoique quelques écoles de ce canton soient entièrement gratuites, elles n’en sont pas moins à peu près désertes pendant l’été. Rendre l’école gratuite, n’est donc pas le meilleur moyen d’y retenir les enfants toute l’année. Je crois qu’une rétribution annuelle atteindrait mieux ce but. Les parents ne voudraient pas perdre leur argent.

Charente-Inférieure ; arr. de Rochefort. — Si l’on voulait contraindre les parents à envoyer leurs enfants à l’école, me disait un maire, il faudrait donc nourrir les familles. Aussi qu’arrive-t-il ? Sur six élèves gratuits, deux, à peine, profitent du privilége qui leur est offert. Mais il est des parents plus coupables qui, avec une certaine aisance, négligent souvent de faire instruire leurs enfants.

Nord ; arr. de Cambray, cant. de Clary. — Dans la plupart des communes, l’utilité de l’instruction n’est pas comprise ; les parents se soucient fort peu de faire fréquenter les écoles par leurs enfants ; ils aiment presque autant les voir courir les rues ; la preuve, c’est que dans certains villages, l’école, qui pourrait être fréquentée par deux cent cinquante à trois cents enfants, n’en a souvent pas plus de cinquante à soixante ; et ce ne sont pas seulement les parents qui sont obligés de donner à l’instituteur une modique rétribution mensuelle, qui négligent ainsi l’éducation de leurs enfants ; le plus souvent ce sont ceux dont les enfants peuvent recevoir l’éducation gratuitement.

Nord ; arr. de Valenciennes, cant. de Valenciennes (nord). — À Wallers, il n’y a que vingt-sept indigents au plus qui reçoivent l’instruction primaire, tandis qu’il s’y trouve au moins trois cents enfants indigents.

Oise ; arr. de Beauvais, cant. d’Auneuil, comm. de Saint-Léger. — Le curé avait proposé de payer les mois d’école et d’acheter les livres aux pauvres. Les pères et mères ont préféré les faire travailler, plutôt que de profiter d’une offre aussi obligeante.

Loir-et-Cher ; arr. de Vendôme. — Il y a plus : M. Lépine, maire