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parents, en général, ne s’en rapportent qu’à eux-mêmes, et ils exigent du maître qu’il élève leurs enfants comme ils l’ont été eux-mêmes.

Haute-Loire ; arr. du Puy. — Un des premiers obstacles est l’indifférence profonde, quoique moins universelle qu’il y a trente ans, des habitants des campagnes, trop ignorants pour sentir même qu’ils le sont. Aux observations qu’on leur adresse sur l’utilité de l’instruction, ils répondent dans leur patois que le soleil se lève pour les ignorants tout comme pour les savants ; qu’ils passent bien comme ils sont, et que leurs enfants passeront de même. Chez ceux-mêmes qui ne montrent pas le même éloignement, il y a une apathie telle, que certains instituteurs sont obligés d’aller chercher eux-mêmes les enfants, et d’autres de les enseigner gratis, soit par zèle, soit pour gagner le misérable traitement fixe qui leur est attribué. Combien cette apathie ne sera-t-elle pas difficile à vaincre, jointe aux autres obstacles !

Aisne ; arr. de Soissons, cant. d’Ailly. — Le maître d’école de Terny a poussé inutilement le zèle jusqu’à s’engager à ne pas exiger de rétribution pour les six mois d’école pendant la belle saison.

Ardennes ; arr. de Réthel. — Il est difficile de se faire une idée de l’insouciance de la plupart des parents de cet arrondissement, et du peu de cas, je pourrais dire du mépris qu’ils font de l’instruction et de tout ce qui peut l’améliorer.

Dans plusieurs communes, trouvant l’école entièrement dégarnie d’élèves, j’ai essayé d’en faire appeler à domicile par l’entremise du maire et de l’instituteur, et je n’ai pu y réussir. Les parents ne voulaient pas interrompre, même pour une heure, la garde de leurs bestiaux, la récolte de leurs fruits, ou les autres travaux qui partout sont confiés aux enfants pendant sept ou huit mois. J’ai demandé au comité de Réthel que toutes ces écoles fussent visitées avant la fin du mois de février ; car, passé cette époque, on retomberait dans le même embarras. Ces écoles commencent à se dégarnir dès les premiers jours de mars, quand la saison est belle.

Je n’oserais accuser les instituteurs de négligence ou de mauvaise volonté : MM. les maires m’ont donné l’assurance que les instituteurs avaient fait tout ce qui dépendait d’eux pour réunir des élèves. Plusieurs ont ouvert l’école aussitôt que la visite avait été annoncée, et ont déclaré aux parents qu’ils la tiendraient gratuitement. Leur zèle n’a pas eu de succès.

Aude ; arr. de Limoux, cant. de Belcaire et de Roquefort. — Dès que les enfants sont un peu forts, leurs parents les livrent aux tra-