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ment de s’y rendre dès l’âge de dix ans, parce qu’alors ils commencent à aider leurs parents dans leurs travaux : il n’est pas étonnant alors qu’ils oublient le peu qu’ils ont appris, et que, parvenus à l’âge de la conscription, beaucoup sachent à peine signer leur nom.

Aube ; arr. d’Arcis-sur-Aube, cant. de Ramerupt. — Dans l’inspection des vingt-neuf communes qui composent ce canton, j’ai été à même de me convaincre d’un fait malheureusement trop vrai : c’est que nos campagnes sont presque totalement dénuées d’instruction. La majeure partie des habitants sait à peine lire, car ce n’est pas lire que de déchiffrer avec effort les syllabes d’un mot que souvent l’on ne comprend pas du tout.

Aude ; car. de Limoux, cant. de Belcaire et Roquefort. — Quelles que soient la capacité et l’aptitude du maître, il est rare de trouver dans ces montagnes un homme qui sache passablement lire, écrire et compter.

Corrèze ; arr. de Tulle. — Dans quelques communes, les notaires excitent, en dessous, à refuser des fonds pour l’instituteur : quand chacun saura signer, moins de procurations, moins de quittances, etc.

Landes ; cant. de Tartas, comm. de Rion. — Rion, commune de plus de quinze cents âmes de population, ne possède que cinquante individus, sachant signer leur nom.

Saône-et-Loire ; arr. d’Autun, cant. de Saint-Léger et de Saint-Beuvray. — L’instruction est presque nulle dans ce canton, au point qu’un notaire qui a un testament à faire dans telle commune, a soin de se pourvoir de témoins ; il ne trouverait pas deux personnes qui sussent signer.

Basses-Alpes ; arr. de Forcalquier, cant. de Digne et de Sisteron. — Je pourrais citer plusieurs localités où, de temps immémorial, il existe des écoles, et où cependant, l’on ne trouve que peu de personnes sachant à peine signer leur nom, et où l’embarras est extrême, lorsqu’il s’agit de choisir un maire, un adjoint, un secrétaire de mairie, et de trouver un homme même qui puisse entendre et parler un peu la langue française.

Lot-et-Garonne ; arr. de Villeneuve-sur-Lot. — Les plus notables, composant les administrations municipales, sont très-peu lettrés, ignorent les premiers éléments de la langue française, et savent à peine signer leur nom.