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comparer ; il reviendra, s’il veut, après mûr examen, à ses habitudes d’autrefois, mais au moins on ne pourra lui reprocher de conserver par ignorance une méthode qu’il aura préférée par conviction (334). Voici, par exemple, un usage que l’on s’accorde à trouver pernicieux, et qui n’en subsiste pas moins dans bien des provinces. Au lieu de rendre moins fastidieux à l’enfant les premiers ennuis de la lecture, en faisant au moins sonner à son oreille des mots français dont il peut saisir le sens, on commence tout de suite par lui faire lire des psaumes latins (335). Entre autres inconvénients qu’on y trouve, on a cru remarquer que les enfants ainsi commencés ont ensuite une peine infinie à donner aux e français leur véritable valeur dans la lecture, accoutumés qu’ils ont été d’abord à prononcer toujours fermé l’e latin (336).

Il faut pourtant éviter avec grand soin toutes les habitudes qui peuvent fausser la prononciation (337) ; elle est déjà si défectueuse dans les campagnes, que les instituteurs ne sauraient mettre trop de soin à la réformer. Quand les enfants quitteront l’école, ils ne trouveront que trop d’occasions de retomber dans les défauts signalés. L’exemple de leurs familles, les railleries dont on ne manquera pas d’attaquer leur affectation à parler bourgeois, leur feront perdre en partie le fruit des bons conseils du maître (338) ; mais il leur restera toujours quelque vestige de leur première éducation. Aussi, avons nous regretté de ne pas trouver indiqués d’une manière plus précise les défauts de prononciation remarqués par chaque inspecteur dans sa tournée : Ceux qui sont maintenant affectés au service spécial des départements, feront bien d’en dresser une liste complète, et de la communiquer aux instituteurs pour qu’ils les combattent dans leurs écoles (339).