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sogne tracée au maître, ne rend pas dans son cœur un hommage moins sincère aux efforts généreux des premiers protecteurs de cette méthode. Car, il ne faut pas croire qu’elle ait été pratiquée aussi parfaite depuis quelques mille ans dans l’Inde, où Bell la vit en exercice dans les écoles du pays. Et, depuis Lancaster, bien des modifications importantes sont devenues nécessaires avant d’opérer cet ensemble qui fait marcher une classe de quatre ou cinq cents enfants comme un seul homme bien discipliné.

Quatre ou cinq cents enfants sous un seul maître ! on est tenté de crier au miracle : comment un maître peut-il répartir entre cinq cents élèves son instruction quelque avancée qu’on la suppose ? Comment établir dans cette armée le silence et entretenir l’attention nécessaire pour profiter de ses leçons ? Quels progrès attendre d’un enseignement noyé dans ce déluge d’enfants ? C’est là le mérite de l’enseignement mutuel. Un seul maître suffit à une école nombreuse ; il ne faudrait pas non plus exagérer cet avantage en surchargeant sa responsabilité d’un nombre infini d’élèves ; mais, en général il vaut mieux, dans l’intérêt même des études, que l’école soit drue et les bancs bien garnis. Les progrès seront moins sensibles avec cent élèves qu’avec deux cents. Un autre mérite, plus grand encore à nos yeux, de cette méthode, c’est que, grâce à la prévoyance du règlement qui n’omet aucun détail, il n’est point nécessaire que le maître soit un homme supérieur, ni très-instruit, ni très-habile ; mais ferme seulement, et qui mette autant de conscience à suivre lui-même ses instructions, que d’exactitude à les faire pratiquer de point en point dans l’école. S’il fallait un degré de capacité peu commun pour tenir une école d’enseignement mutuel, la méthode en deviendrait plus difficile à mettre en pratique : on devrait y regarder à deux fois, avant