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CHAPITRE V.

INSTITUTRICES[1].

Écoles de filles et de garçons.

Qu’il nous soit permis de gémir ici d’une injustice de plus dont les femmes ont à souffrir. Elles n’ont pas besoin d’en savoir si long, dit-on dans les campagnes (276) ; et nous-mêmes, en condamnant ce préjugé rustique, ne l’avons-nous pas confirmé lorsque nous avons oublié les filles dans la loi de l’instruction primaire ? Il fallait bien aller au plus pressé, sans doute. Mais quand viendra le tour des femmes ? En attendant, leur esprit reste sans culture, à moins que l’intérêt particulier des localités n’explique l’instruction qu’on leur donne (277). Nous ne voudrions pas que la galanterie française poussât les choses jusqu’à céder encore cet avantage aux femmes, comme on le voit dans les églises du Vélay où la villageoise suit la messe avec intelligence dans le livre qu’elle tient à la main, tandis que son mari, son fils ou son frère, repasse stupidement entre ses doigts les grains de son rosaire (278). Mais nous voudrions que toute la France prît exemple sur ces cantons des Pyrénées où chaque village a son école de filles et son institutrice particulière (279).

  1. Depuis que ces renseignements ont été recueillis, une ordonnance du Roi (du 23 juin 1836) a pourvu aux premiers besoins de l’instruction des filles, en attendant qu’ils soient définitivement réglés par une loi.